L’exercice qui consiste à dresser un portrait exhaustif de la pratique prescrite, mérite d’être poussé aussi loin que possible : la description des trois dimensions de la pratique permet en effet de rédiger avec une plus grande rigueur les questions des sondages qui seront proposés au personnel et aux élèves concernés. Ces sondages visent à obtenir une image de la pratique en place qui, comparée à celle de la pratique prescrite, permettra de déterminer les améliorations à apporter. Ces sondages serviront également à élaborer les outils de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des améliorations.
Pour décrire la pratique prescrite, les membres du chantier ont recours à des spécialistes (conseillers pédagogiques, psychoéducateurs, personnel dédié des commissions scolaires et du MELS, didacticiens, chercheurs, membres d’organismes externes voués au transfert de connaissances tels que le CTREQ, etc.) et à la documentation disponible.
Les animations 4 et 5 portent sur les données nécessaires à la description de la pratique . Elles permettent de sensibiliser les participants aux étapes à venir. L'animation 4 peut-être réservée à l'animation du chantier car elle inclut un exemple de partage des tâches de lecture et la 5 réservée à l'animation de l'équipe-école.
Selon les milieux ou les circonstances, la description de la pratique « prescrite » peut s’inscrire avant ou après la description de la pratique en place.
Rappelons qu'une pratique peut être démontrée efficace – l’enseignement des stratégies de lecture ou certains programmes de développement des habiletés sociales, par exemple – pourvu qu’elle soit appliquée conformément à certaines normes : contenu, étapes à suivre, tâches à réaliser, organisation du travail, fréquence, intensité, durée, activités de renforcement, de régulation et de suivis, etc.
Ici, la référence aux écrits scientifiques et à des experts est nécessaire et vient bonifier, compléter et préciser la description spontanée de la pratique par les membres du chantier.
L’animation 6 qui aborde les critères de validation de l'information disponible. Elle permet d'élager la documentation disponible.
Enfin, l'animation 7 propose une procédure de synthèse de l'information disponible.
Cependant, si après vérification des écrits scientifiques, il s’avère qu’une pratique est peu documentée ou que sa documentation n’a pas été trouvée (son efficacité étant, par le fait même, moins validée), et que la volonté d’en faire l’analyse demeure, il importe alors de la décrire avec précision. Le suivi rigoureux de sa mise en œuvre et de l’évaluation de ses impacts mèneront soit à sa consolidation, soit à son abandon.
La recension des écrits sur la pratique permet également de préciser les résultats attendus et les clientèles visées. De ce fait, il peut arriver de relever un certain manque de cohérence entre ces trois éléments dans le libellé du plan de réussite de l’école Exemple : L’application de situations d’apprentissage de type orientant n’a pas directement pour résultat une persévérance ou une motivation scolaire plus importante. En effet, il est peu probable qu’à elle seule, une pratique puisse avoir un tel impact. C’est davantage le cumul d’actions efficaces et cohérentes (voir Analyse de niveau 3 et de niveau 4) qui peut y prétendre. De plus, le changement de motivation scolaire et l’amélioration de la persévérance scolaire sont des résultats difficilement mesurables à court terme.
Par contre, les activités de type orientant, si elles sont appliquées comme prescrit, visent à développer une meilleure connaissance de soi (goûts, intérêts, aptitudes…) et de ce fait, une meilleure connaissance des métiers et des professions qui y correspondent. C’est donc en ces termes que seront libellés les résultats attendus sur lesquels le personnel et les élèves concernés devront porter un jugement. Dans le même ordre d’idée, on n’attend pas du service de récupération qu’il mène d’emblée à de meilleurs résultats aux examens (bien qu’ultimement c’est ce qu’on souhaite), mais plutôt qu’il assure la maîtrise de la ou des notions abordées après un nombre déterminé d'heures de récupération. Les résultats attendus doivent donc être en lien direct avec la pratique analysée et formulée en termes réalistes et mesurables. , situation qu’il faudrait corriger par la réécriture des parties concernées (voir la section Plan de réussite).
À ce stade, l’accompagnateur s’assure que le responsable du chantier puisse décliner les résultats attendus en indicateurs observables. La mesure des effets de la pratique sera détaillée à l’étape de l’évaluation des effets sur les élèves.
Enfin, les pratiques ciblées auprès de certains élèves nécessitent de documenter les caractéristiques de ces derniers ainsi que les procédures et les outils de dépistage recommandés.
Il est proposé de répartir les conditions d'efficacité de la mise en œuvre en trois catégories :
L’analyse de la pratique en place comprend la vérification de la présence et de l’efficacité de mécanismes de concertation et de coordination, en plus de préciser les tâches et les rôles de chacun. Il est donc pertinent, à ce stade, de vérifier l’information scientifique publiée à ce sujet.
Ces conditions sont également essentielles au succès de la pratique. On trouve parfois dans la littérature des précisions sur certaines de ces « conditions gagnantesExemple : Y a-t-il des moments de la journée où un service de récupération peut être davantage utilisé : le midi, après l’école? À quelle fréquence ce service doit-il être offert? À quelles périodes de l’année?… ».
Dans la littérature spécialisée, la mobilisation et la motivation du personnel concerné sont toujours mentionnées comme étant des éléments fondamentaux de la réussite d’un projet. Si la mobilisation des acteurs est associée aux mécanismes de concertation et de coordination ainsi qu’aux conditions matérielles de la mise en œuvre du projet, elle est également tributaire de plusieurs autres facteurs : le nombre de professionnels impliqués ainsi que la formation et le soutien offerts aux personnes concernées par le projet et sa mise en œuvre.
Le développement des sondages s’appuie sur la connaissance de la pratique prescrite et en couvre les trois dimensions.
En plus de vérifier les éléments de la pratique en place, ils interrogent le recours à des procédures de sélection et les caractéristiques des élèves touchés ainsi que la présence et l'appréciation des conditions d'efficacité.
Ils peuvent inclure également des questions sur :
Les questionnaires soumis aux élèves reprennent les mêmes questions lorsqu’elles sont pertinentes en les adaptant. Il est toutefois possible d’en ajouter quant aux raisons qui les poussent à participer ou non à la pratiqueExemple : Dans le cadre de sondages sur l’absentéisme, les questions soumises aux élèves sur les raisons de leur absence et sur les activités réalisées au cours de ces périodes ont apporté des indications pertinentes pour le choix les moyens d’intervention. .
La section MATERIEL / Textes de référence » propose «Quelques balises pour développer des questionnaires» qui sert de guide à la création des sondages maison.
Enfin, des outils d'évaluation des pratiques tirés des ouvrages Évaluer pour Évoluer de Louise Gaudreau peuvent inspirer certaines questions des sondages. Ils sont classés dans Matériel / Outils / évaluation / Effets sur les élèves.
Afin d’accélérer le processus, les réponses des sondages peuvent être compilées (hors rencontre de chantier), par un sous-groupe de ses membres, ou par une ressource externe telle qu’un chercheur ou l’un de ses assistantsExemple : Un chantier sur les comportements des élèves a mandaté deux de ses membres (conseiller en orientation et psychoéducatrice) pour procéder à un premier travail d’analyse des pratiques. Ainsi s’est effectuée une revue du rôle et des pratiques de chaque acteur du milieu sur le plan de la gestion des comportements inadéquats : psychoéducatrice, conseiller en orientation, travailleuse sociale, éducatrices spécialisées, enseignants ressources, enseignants réguliers et personnel de direction. L’analyse a permis également de cerner les systèmes touchés par les différentes actions de chacun des intervenants (élève, classe, école, famille, communauté)..
Si la description de la pratique prescrite demeure théorique et suscite en général une bonne participation des personnes concernées, la description de la pratique en place soulève parfois davantage de difficultés. En effet, le fait de demander des explications détaillées peut être perçu, dans certains cas, comme une intrusion. Plusieurs stratégies peuvent favoriser la mobilisation :
Cependant, la discussion de ce point avec l’ensemble des membres du chantier pourra engendrer d’autres initiatives telles que des approches individuelles par les membres du chantier auprès de leurs pairs, de manière spontanée et selon leurs affinités personnelles.
Suite : Analyser la pratique en place
© CTREQ 2010 Auteurs : Marie-Martine Dimitri et Pierre Potvin. |