Le rôle d’agent de transfert de connaissances consiste à assurer le bon déroulement de toutes les étapes du transfert et l’implication du personnel à chacune d’elles.
Il vise ainsi deux objectifs:
Le degré d’implication du personnel scolaire sera cependant variable d’une étape à l’autre selon les circonstances et la nature des connaissances faisant l’objet du transfert. Ceci est particulièrement vrai pour les étapes de repérage et de sélection des connaissances, et pour l’étape de leur adaptation.
Les activités de repérage, de sélection et d’analyse consistent à réunir un ensemble de connaissances validées dont l’intention est de répondre aux besoins du milieu. Il peut s’agir aussi de formalisation de savoirs d’expérience. Ces activités peuvent prendre diverses formes (synthèses, schémas, outils, produits). Le repérage, la sélection et l’analyse de l’information s’amorcent au moment opportun quand l’intérêt des personnes concernées aura été suscité par le questionnement réflexif exercé sur les pratiques en place. La recherche de nouvelles connaissances aura alors un sens et l’accompagnateur veillera à établir les liens entre les savoirs d’expérience et les nouvelles connaissances. Dans École et Stratégies, cette étape peut être amorcée par la sélection d’un problème qui demande des connaissances pour le résoudre, ou par l’accès à de nouvelles connaissances jugées utiles afin d’ajuster les pratiques en place.
Le processus de repérage et de sélection des connaissances peut être entrepris par l'accompagnateur, un expert de contenu (conseiller pédagogique, psychoéducateur, chercheur ou autres), avec une collaboration variable, mais souhaitée, du milieu selon les cas.
L'accompagnateur :
L’adaptation des connaissances correspond à l’ensemble des choix effectués pour déterminer les caractéristiques de la forme et du contenu de l’information disséminée. Ces choix prennent en considération le public auquel elle s’adresse. Essentiellement, trois aspects sont adaptés : la forme, le langage et le traitement qui comprend la quantité et le choix des aspects de l’information mis en évidence. L’adaptation des connaissances ne doit pas en compromettre la validité.
L’adaptation des connaissances n’est pas forcément réalisée en une seule étape. Le processus peut être repris si la première adaptation n’est pas suffisamment adéquate ou si les connaissances sont présentées dans un nouveau milieu.
L'accompagnateur :
École et Stratégies amalgame les étapes de la dissémination et de la réception puisque l’accompagnateur étant dans le milieu, il assure quasi simultanément la diffusion et la prise de connaissance de l’information. À l’étape de la réception, les accompagnés prennent contact avec les connaissances. Cette étape nécessite donc une certaine ouverture et intérêt envers les connaissances. L’accompagnateur implique activement les ressources spécialisées du milieu (conseiller pédagogique, professionnel, etc.) dans la présentation des nouvelles connaissances et les soutient dans ces tâches. Il rappelle fréquemment les raisons qui ont motivé la recherche de nouvelles connaissances. Les obstacles à la réception sont principalement liés aux utilisateurs ou au contexte organisationnel. Ceux qui ont rapport aux connaissances elles-mêmes sont en principe supprimés au moment de leur sélection et adaptation.
L'accompagnateur :
L’adoption des connaissances est l’étape au cours de laquelle les praticiens acceptent d’utiliser et d’expérimenter les connaissances tout en planifiant leur mise en œuvre.
Cette étape est favorisée par des exemples d’applications possibles et par une rigoureuse planification de la mise en œuvre des nouvelles connaissances. Cette planification veille à réunir les conditions de succès de l’expérimentation notamment la mise en place des mécanismes de coordination des actions, des conditions matérielles et des ressources humaines (nombre suffisant, mesures de formation et de soutien aux personnes qui expérimenteront, etc.).
L'accompagnateur :
La mise en œuvre des nouvelles connaissances est une étape incontournable du transfert de connaissances dans le cadre d’École et Stratégies. Elle s’effectue sous la forme d’expérimentations structurées à petite échelle menées par des volontaires. L’encadrement structuré offert et la mise en place de conditions d’efficacité favorisent l’obtention de succès stimulant une généralisation progressive.
L'accompagnateur :
Les expérimentations sont suivies et évaluées tant sur le plan de leur mise en œuvre (a-t-on mis en œuvre comme il était prévu?) que sur le plan de leurs effets (la difficulté ciblée est-elle réduite?). Cette étape comprend donc l’élaboration et l’application de modalités et d’outils pour ces deux niveaux d’évaluation.
Le suivi de la mise en œuvre permet d’en observer l’évolution, de déterminer les causes des éventuelles difficultés (intérêt insuffisant des utilisateurs; manque de compréhension de la pratique à mettre en œuvre; insuffisance du soutien; obstacles hors contrôle; etc.) et de procéder aux ajustements nécessaires. Certains constats issus du suivi de la mise en œuvre peuvent parfois justifier de revenir à une étape antérieure du processus de transfert. Lorsque la mise en œuvre est jugée satisfaisante, l’évaluation des effets peut être effectuée. Cette dernière permet de vérifier si les interventions planifiées ont été suffisantes pour apporter les changements désirés, et de procéder, si nécessaire à la mise en œuvre de nouvelles interventions.
L'accompagnateur :
Pour considérer le processus de transfert réussi, les expérimentations structurées doivent se généraliser à l’ensemble du personnel et des élèves concernés et se maintenir dans le temps. L’accompagnateur mise alors sur le succès des expérimentations pour créer progressivement l’effet d’entraînement recherché. Les résultats des expérimentations sont largement diffusés et présentés à l’intérieur et à l'extérieur de l’école par les membres du personnel impliqués. Cette valorisation du personnel scolaire et de l’école dans son ensemble stimule la mobilisation et l’ouverture au processus même de révision des pratiques en place. L’implantation d’une révision régulière des pratiques s’obtient en amenant le milieu à s’approprier le processus même du transfert de connaissances. Pour ce faire, l’accompagnateur en modèle«Technique d’enseignement qui consiste à accomplir une tâche de façon à ce que des apprenants puissent en observer le déroulement». «…l’enseignant accomplit une tâche : il agit, réfléchit devant la classe et commente les actions qu’il fait,…». Legendre, R., (2005). Dictionnaire actuel de l’éducation. 3e édition. Guérin, Montréal. P. 892. chacune des étapes, en soutient les pratiques guidées et assiste aux pratiques autonomes.
Il prépare chaque rencontre avec les responsables des comités, les accompagne dans l’élaboration des ordres du jour, précise les objectifs de chaque point, leur fait vivre les propositions d’animation, exprime à voix haute sa démarche, explicite les raisonnements cognitifs qui s’opèrent. Il les amène à faire la synthèse des étapes parcourues et à anticiper les réactions et les étapes à suivre. Il leur permet ainsi de reproduire la démarche auprès de leurs pairs sous la forme d’une pratique guidée dans le cadre de laquelle l’accompagnateur intervient pour compléter, recadrer et préciser, expliquer à nouveau les processus cognitifs en jeu, offrir des récapitulations et des synthèses, établir des liens logiques entre les actions, rappeler les raisons et les méthodes. Enfin, les participants des comités animent de façon autonome les activités de concertation de l’équipe-école. Progressivement les accompagnés expérimentent et acquièrent la capacité de transférer l’ensemble de la démarche au un nouveau chantier ou à une nouvelle problématique.
De plus, la structure de travail en groupe (pilotage/chantiers/équipe-école) et les différents rôles de l’accompagnateur soutiennent l’instauration d’une collaboration professionnelle. Cette dernière est une mise en commun d’actions professionnelles destinées à la réalisation d’une œuvre ou d’un but qui se rapporte à une collectivité ou à une communauté de pratiques. Elle suppose la coopération, la concertation et la coordination d’efforts collectifs, des discussions qui mènent à des prises de décisions collectives et à des interventions concertées. Ces interventions sont analysées et régulées régulièrement et collectivement. Il en émerge une responsabilité partagée dans le travail en équipe pour accompagner la mise en œuvre du changement. La réussite d’un changement repose sur la mobilisation de l’ensemble des personnes concernées pour assurer cohésion et cohérence.
École et Stratégies vise l’intégration durable des connaissances scientifiques dans les pratiques. École et Stratégies vise aussi l’autonomie des milieux dans la poursuite du processus continu de révision des pratiques. L’intégration de la démarche et l’acquisition de l’autonomie des milieux impliquent la durée et l’intensité de l’accompagnement. Les milieux de pratique et l’accompagnateur (externe ou interne à la commission scolaire) s’engagent donc dans un processus à moyen ou à long terme« Le changement social est complexe, non pas simple; émergent, non pas fixe; et généralement, quoique pas toujours, un processus à long terme plutôt que rapide. » Pearson, Katharine A. (2007). Accélérer notre impact : philanthropie, innovation et changement social. La fondation de la famille J.W. McConnell, p.22. (de trois à cinq ans) et intensif (plus de 15 rencontres par année).
L'accompagnateur :
© CTREQ 2010 Auteurs : Marie-Martine Dimitri et Pierre Potvin Mise à jour: 28 janvier 2014 |