Analyse de situation

Le transfert de connaissances est influencé par un ensemble de déterminants ou de facteurs regroupés dans la littérature en différentes catégories.

Les déterminants liés aux producteurs de connaissances

Le terme « producteur de connaissances » désigne souvent les chercheurs, mais toute personne ou tout organisme susceptibles de créer des connaissances pouvant être utiles aux milieux de pratique sont également considérés comme tels.

Les déterminants à considérer sont :

• La perception de la recherche par les chercheurs. Celle-ci est souvent évaluée selon sa valeur conceptuelle et méthodologique et, par conséquent, les chercheurs accordent moins d’importance, et donc de temps, au transfert1;Les praticiens, quant à eux, la jugent selon sa pertinence et sa facilité d’emploi¹;
• La stabilité d’emploi des chercheurs, ce qui favorise le développement de liens avec les milieux (Huberman, 1987, 1990²);
• La reconnaissance par l’organisation des activités de transfert pour les promotions des individus qui les réalisent (Abdoulaye 2003³)⁴;
• Le temps alloué par le chercheur aux activités de transfert, ce qui influence le degré d’utilisation des résultats de la recherche par les praticiens (Hemsley-Brown, 2004; Huberman 2002⁵);
• Le prestige et la valorisation du transfert par les pairs (Huberman, 1987, 1990⁶);
• La réputation du producteur de connaissances qui facilite le transfert de ces dernières⁷.
• L’accès à des ressources de communication et de vulgarisation au sein de l’organisme où le producteur travaille, ce qui favorise les activités de transfert⁸.

Les déterminants liés au contexte organisationnel des producteurs et des utilisateurs

Les déterminants ci-dessous sont souvent associés aux organisations comme les universités, les centres de recherches et autres lieux de productions de connaissances scientifiques. Ils peuvent aussi s’appliquer aux milieux de travail des utilisateurs. Le contexte organisationnel au sein duquel travaillent les utilisateurs des connaissances exerce également une influence sur le transfert lui-même. :

Les déterminants à considérer sont :

• Le degré d’expérience de l’organisation dans les activités de transfert et d’utilisation des connaissances(Anis et autres, 2004⁹);
• Le soutien, les mesures incitatives et les gratifications accordés par l’organisation au personnel qui participe à des formations sur le transfert de connaissances¹⁰ ou qui s’implique dans un processus de transfert¹¹;
• Le climat organisationnel, qui peut favoriser ou non le transfert¹², notamment les réactions et les pressions négatives des collègues par rapport au transfert (Barnard et coll., 2001¹³);
• Le style de culture organisationnelle, une structure moins formalisée et moins centralisée ayant tendance à transférer davantage les connaissances (Hemsley-Brown, 2004¹⁴);
• Le temps (Hemsley-Brown, 2004), les ressources humaines et les ressources financières alloués au transfert (Alexander, 2000; McPherson et Nunes, 2002¹⁵);
• Le fait que les agents transmetteurs fassent partie de l’organisation est favorable au transfert (Dunn, 1980; Nelson et autres, 1987¹⁶);
• L’établissement de communautés de pratique dans le milieu^{17, 18};
• La présence de politiques organisationnelles favorisant les activités de transfert (Huberman, 1983, Wikeley,1998; Abdoulaye 2003; Miller et autres, 1994¹⁹)²⁰;
• Le leadership d’individus qui soutiennent le changement²¹.

Les déterminants liés aux utilisateurs

On entend par utilisateurs, les enseignants, les directions et autres membres du personnel qui travaillent dans une école.

Les déterminants à considérer sont :

• Leur attitude envers la recherche universitaire^{22, 23};
• La motivation des utilisateurs à utiliser et à s’approprier de nouvelles connaissances²⁴;
• Les expériences antérieures de transfert de connaissances (Beir et Ackerman, 2005; Anis et autres, 2004; Matzat, 2004²⁵);
• La compétence à comprendre la recherche scientifique^{26, 27};
• La capacité cognitive ainsi que le niveau de scolarité (Hemsley-Brown, 2004; Miller et autres, 1994; Kilgore et Pendleton, 1993²⁸);
• Les aptitudes relationnelles chez les individus qui veulent favoriser le processus de transfert²⁹;
• Les avantages escomptés à utiliser des nouvelles connaissances³⁰;
• Le degré d’accès aux connaissances³¹.

Les déterminants liés aux connaissances

Les connaissances elles-mêmes peuvent exercer une influence sur le fait qu’on les adopte ou non dans la pratique.

Les déterminants à considérer sont :

• Le degré d’application possible des connaissances dans la pratique des enseignants (Baldwin et Ford, 1988; Hemsley-Brown et Sharp, 2003³²);
• Le degré de compatibilité des connaissances avec les valeurs existantes dans le milieu (Lloyd et autres, 1997³³);
• Le degré d’adaptation des connaissances en fonction du contexte dans lequel elles seront utilisées (Kirst, 2000³⁴)³⁵;
• La pertinence et la crédibilité assurent un meilleur transfert de la connaissance (Abdoulaye, 2003; Carter et Doyle, 1995; Love, 1985³⁶). Il doit y avoir une correspondance entre les connaissances et le problème à résoudre³⁷;
• Le nombre important de recherches ou de connaissances peut être un obstacle à leur utilisation si les utilisateurs n’ont pas le temps ou les compétences nécessaires pour en faire une synthèse³⁸;
• L’adéquation du langage utilisé. Les connaissances doivent être communiquées dans un langage clair et simple, sans jargon ni ambiguïté, et illustrées par des exemples concrets (Kilgore et Pendleton, 1993; Kirst, 2000³⁹)⁴⁰;
• Le moment de la production ou de la présentation des connaissances (Abdoulaye, 2003; Carter et Doyle, 1995; Love, 1985⁴¹)⁴²;
• L’implication des utilisateurs et décideurs au processus de production des connaissances favorise leur transfert⁴³;
• La qualité des connaissances produites⁴⁴;
• Le support utilisé pour le transfert (nature, attrait, convivialité)⁴⁵;

1. Landry, R., Becheikh, N., Amara, N., Ziam, S., Idrissi, O., & Castonguay, Y. (2008) La recherche, comment s’y retrouver ? : Revue systématique des écrits sur le transfert de connaissances en éducation. Québec : ministère de l’Éducation des Loisirs et du Sport.
2. Dans Landry, et coll., 2008.
3. Dans Landry, et coll., 2008.
4. Institut national de santé publique, 2009. Animer un processus de transfert des connaissances : Bilan des connaissances et outil d’animation. Québec : gouvernement du Québec
5. Dans Landry, et coll., 2008.
6. Dans Landry, R., Becheikh, N., Amara, N., Ziam, S., Idrissi, O., & Castonguay, Y.,2008. La recherche, comment s’y retrouver ? : Revue systématique des écrits sur le transfert de connaissances en éducation. Québec : ministère de l’Éducation des Loisirs et du Sport.
7. Institut national de santé publique, 2009.
8. Institut national de santé publique, 2009.
9. Dans Landry, et coll., 2008.
10. Centre jeunesse de Québec, 2001. Guide pratique pour structurer le transfert des connaissances. Québec : Centre jeunesse de Québec.
11. Dans Landry, et coll., 2008.
12. Landry et coll., 2008
13. Dans Landry, et coll. 2008
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20. Dagenais, C., Janosz, M., Abrami, P., Bernard, R., 2007. Examen des mécanismes en jeu dans la décision des intervenants scolaire d’utiliser les connaissances issues de la recherche pour changer leurs pratiques. Rapport de recherche.
21. Landry et coll., 2008
22. Landry et coll., 2008
23. Dagenais, C., Janosz, M., Abrami, P., Bernard, R., 2007. Examen des mécanismes en jeu dans la décision des intervenants scolaire d’utiliser les connaissances issues de la recherche pour changer leurs pratiques. Rapport de recherche.
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27. Dagenais et coll., 2007
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30. Institut national de santé publique, 2009
31. Institut national de santé publique, 2009
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45. Institut national de santé publique, 2009

© CTREQ 2010 Auteurs : Marie-Martine Dimitri et Pierre Potvin.