L’approche systémique1 a essentiellement pour origine la rencontre, dans les années 1940, entre la biologie et l’électronique. Cette rencontre s’est traduite par la naissance de la cybernétique ou l’étude des régulations chez les êtres vivants et les machines grâce aux concepts de boucles, d’interaction, de rétroactions, de régulations et de systèmes. Le biologiste Van Bertalanffy exprime alors une vision du monde composée de systèmes ouverts.
Au cours des années 1950-1960, l’approche systémique2 a donné lieu à de nombreuses applications, notamment en biologie, en économie, en écologie, en thérapie familiale et en urbanisme. Une vision systémique des problèmes complexes est envisagée et l’anthropologue G. Bateson, entouré d’un groupe de chercheurs, deviendra célèbre pour sa thérapie systémique (1956, école de Palo Alto, dans la banlieue de San Francisco).
Un système est défini par un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisé en fonction d’un but3. L’approche systémique prend donc en considération l’appartenance et l’interdépendance d’un élément à un ensemble constituant un tout cohérent (système) ayant une fonction propre (enfant, famille, école, milieu de vie et acteurs de la communauté, par exemple).
Un système est différent d’un ensemble qui lui, n’est qu’une collection d’éléments présentant leurs propres caractéristiques.
Une grande majorité des travaux en éducation parentale fait surtout référence au modèle écosystémique de Bronfenbrenner4,5 . Ce modèle, qui s’inspire de la systémie, considère les phénomènes sociaux, les organisations, les politiques et les individus en tant que systèmes en interaction avec d’autres systèmes.
L’écosystémie consiste à prendre en compte l’élève et ses différents environnements (systèmes) dans une relation dynamique où l’influence est réciproque. C’est par des relations négociées et inscrites dans un plan d’action entre ces environnements que se produiront les changements souhaités. L’écosystémie insiste sur l’interaction des systèmes.
École et Stratégies s’inspire essentiellement de l’approche systémique qui implique que l’efficacité d’une intervention éducative ou psychoéducative passe par une intervention qui s’exerce à l’intérieur de chaque système mais aussi entre les systèmes.
La notion de partenariat6 est omniprésente depuis plusieurs décennies dans différents domaines, notamment en éducation, pour caractériser les relations de l’école avec la famille et la communauté. Si en donner une définition unique peut représenter une certaine difficulté, il est facile d’en exclure d’emblée certains organismes sous-traitants, chargés d’accomplir une tâche précise pour l’école.
Selon le Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE), « le partenariat est une forme exigeante de collaboration. Il résulte d’une entente des parties égalitaires dans le traitement d’un même objet, tout en respectant les prérogatives de leur mission respective, et qui mettent en commun des ressources complémentaires, financières, matérielles ou humaines, en vue de la réalisation d’une action commune »7.
Selon Pelletier (1997)8, la description des partenariats est construite à partir de cinq principes :
Dans le cadre d’École et Stratégies, le partenariat se définit par l’association d’au moins deux organismes, dont obligatoirement l’écoleCommentaires : qui, à elle seule, peut impliquer plusieurs systèmes. (si toutefois les parents peuvent être considérés comme un organisme), pour mener une opération commune en vue d’un objectif commun ou complémentaire et qui concourent à la réussite éducative de l’élève. Cette définition sous-entend les principes suivants :
Les partenariats peuvent être durables ou sporadiques. Cependant, « seule une implication sérieuse des parents dans l’apprentissage de leur enfant à la maison présente des retombées scolaires importantes pour l’enfant, l’implication ponctuelle n’ayant que peu ou pas d’impact sur la réussite scolaire des jeunes. » (Harris et Goodall, 2008)9
Comme pour les autres pratiques déjà analysées, les partenariats peuvent poursuivre des finalités de types préventives, éducatives ou rééducatives.
Favoriser la participation parentale à la vie scolaire de son enfant contribue au renforcement d’un facteur de prévention du décrochage (lire à ce sujet la recension des écrits effectuée par la fondation Mobilys). Établir des partenariats avec des organismes afin d’outiller le parent à encadrer son enfant contribue à renforcer l’éducation ou la rééducation de ce dernier. Établir des partenariats avec des organismes qui offrent des programmes alternatifs suite à la suspension d’un l’élève vise également une collaboration dans le cadre d’une intervention de type rééducatif.
Les interventions issues de partenariats peuvent cibler des individus ou des sous-groupesPar exemple : des élèves suspendus ou des parents d’enfants hyperactifs. sélectionnés à partir de critères déterminés. À l’inverse, elles peuvent être universelles et s’adresser à l’ensemble des individusPar exemple : une soirée d’information sur le développement des enfants . De plus, le public sollicité peut être homogène (par exemple : les parents) ou mixte comme dans le cas d’activités parents/enfants.
Les partenariats réunissent différents systèmes tel que déjà définis à l’étape de l’analyse de niveau 2 : école et famille, école et communauté ou école, famille et communauté.
À l’intérieur de ces différents systèmes, les acteurs peuvent également être multiples :
Il existe une grande variété de types et de contenus de partenariats.
La typologie de référence est celle proposée par Michel Boisclair10 qui les répartit en quatre types interdépendants :
Selon l’auteur, l’efficacité de chacun de ces types de partenariats est un préalable à l’efficacité du suivant. Ainsi, une bonne communication (échange d’information) est nécessaire à l’échange d’idées et d’opinions (consultation). La consultation précède la mise en commun des idées et des opinions, laquelle permet de s’entendre sur des orientations, des stratégies et des actions à accomplir créant ainsi une synergie (concertation). Enfin, la mise en commun des ressources et des responsabilités est alors possible et engage les acteurs dans l’atteinte d’un but auquel la contribution de chacun, dans une relation d’associés (collaboration), est nécessaire pour arriver au succès de l’action.
Le site CœuréAction produit par le CTREQ, propose un guide d’élaboration d’un plan d’action école/famille/communauté selon une approche écosystémique. Ce guide, dont l’auteur principal est François Blain, dispose d’un coffre à outils dont le document « Les conditions essentielles d’un partenariat » (auteure principale Rollande Deslandes).
Pour École et Stratégies, le partenariat souhaité est de type collaboratif, c’est-à-dire que les partenaires seront appelés à porter la responsabilité de certaines actions. Dans ce sens, les partenaires sont invités à siéger aux comités (pilotage et chantiers) le plus tôt possible selon l’ouverture des milieux, afin de contribuer aux réflexions et aux expérimentations de pratiques.
Certaines écoles accompagnées ont donc eu, parmi les membres de leurs chantiers, des représentants de la communauté et ce, dès la deuxième année, bien que les réelles actions de partenariats ne se soient concrétisées qu’au cours de la troisième année.
Les partenariats portent sur une grande variété de contenus, notamment :
Ces thèmes peuvent aussi permettre d’aborder la transmission de valeurs, les activités d’implication à la maison (encouragement, « modeling », renforcement positif et prolongement de l’enseignement de méthodes d’apprentissage) ou à l’école.
Suite : Sélectionner la pratique de partenariat à analyser
1- Approche systémique et éducation relative à l’environnement. TARA Artic 2007-2008. Services culture, éditions, ressources pour l’Éducation nationale. http://crdp.ac-paris.fr/tara/eco/systemique.pdf. Consulté le 26 octobre 2012
2- Donnadieu, Gérard, Daniel Durand, Danièle Neel, Emmanuel Nunez, Lionel Saint-Paul. L’approche systémique : de quoi s’agit-il? Synthèse des travaux du groupe AFSCET. Diffusion de la pensée systémique. http://www.afscet.asso.fr/SystemicApproach.pdf, Consulté le 25 octobre 2012
3- Joël de Rosnay dans http://crdp.ac-paris.fr/tara/eco/systemique.pdf.
4- Bronfenbrenner, U., 1979 et 1986
5- Référence faite aux grands systèmes identifiés (ontosystème, microsystème, exosystème, mésosystème, macrosystème)
6- Partenariat Université-Entreprise : état des lieux et perspectives de renforcement. Marzougui Antar et Hamdi Salima. ISCAE - Université Manouba - Mastère Spécialisé en Gestion des Établissements d’Enseignement Supérieur 2004. www.memoireonline.com/01/08/885/m_partenariat-universite-entreprise-etats-des-lieux2.html. Consulté le 9 novembre 2012
7- Choukir (1999), Le partenariat : une pratique et une notion en définition. Les cahiers de l’ERGE n° 6, FSEG Sfax, CSE, 1995 : 23.
8- Guy Pelletier, Le partenariat : du discours à l’action. La revue des échanges, Vol. 14, n° 3, septembre 1997, p. 27. Cité dans : Esquisse d’une théorie du partenariat pour servir dans la pratique. Dominique Lahary, directeur de la BDP, Val d’Oise. 11 mars 2007.www.adbdp.asso.fr. Consulté le 9 novembre 2012
9- Michel Rousseau, Josée Thivierge, Pierre Potvin et Steven Brooks, La relation famille/école/communauté et la persévérance scolaire : une recension des écrits. Version diffusion. Fondation Mobilys. P. 23. 2012
10- Boisclair, M., « Partenariat de l’émergence à la mise en œuvre : vers un regard systémique », cours, ENAP, 2003-2004-2005, Montréal.
© CTREQ 2010 Auteurs : Marie-Martine Dimitri et Pierre Potvin. |